Montrer le meilleur de soi-même

Le conseil en image met de la couleur dans la vie des gens. Depuis maintenant trois ans, Florence Lemeer-Wintgens a fondé Look@Work, une société de conseil en image. Un métier qui englobe une multitude d’éléments insoupçonnés et qu’elle décrit avec passion.

Le long hall de l’appartement de Bertrange annonce d’emblée la couleur. Car de la couleur, il y en a partout où le regard se pose. Elle semble même jaillir des nombreux tableaux accrochés aux murs.

Dans le petit salon où la conseillère en image organise habituellement ses séances de coaching, l’impression est identique. Une montagne de pashminas colorés trône sur une table, tandis que des bijoux aux couleurs de l’arc-en-ciel sont délicatement posés sur un mannequin. Au bout de quelques instants, le constat est sans appel: on se sent bien. Comme si cette ambiance flashy avait le don d’égayer l’esprit.

Florence explique alors que la couleur, elle est tombée dedans lorsqu’elle était petite. «Mon arrière-grand-père a fondé une usine textile familiale en 1896 dans la ré- gion de Verviers. Le bâtiment était juste en face de la maison, donc, alors que j’étais haute comme trois pommes, je gambadais dans l’usine et j’aidais mon papa. Il y avait plein de couleurs, de belles matières. Cela me fascinait. Désormais, la couleur c’est ma signature, parfois on me surnomme même “Madame Couleurs”.»

Et ça tombe bien, car la base du conseil en image, c’est justement la colorimétrie. La première étape consiste en effet à porter les bonnes couleurs, celles qui vont au teint et qui donnent bonne mine. Et pour cela, Florence a une petite astuce: elle se sert d’étoffes permet- tant de déterminer la couleur qui sied le mieux à chacun. En effet, selon la couleur de la peau et des cheveux, on aura meilleure mine avec des couleurs chaudes ou froi- des. «Par exemple, quelqu’un qui a la peau claire, des taches de rousseur et des cheveux roux, sera mis en valeur par toutes les couleurs automnales.»

Elle dispose aussi d’échantillons de mèches de cheveux, comme chez le coiffeur, pour les personnes qui voudraient changer de couleur. «On ne le sait pas toujours, mais il faut adapter sa garde-robe en fonction de sa couleur de cheveux. La colorimétrie en dépend à 70%.»Et une fois cette analyse effectuée, les clients reçoivent un petit échantillon des teintes qui leur conviennent le mieux afin de faire leur shopping en connaissance de cause. «Et aussi pour leur éviter de ne porter que du noir. Certaines personnes ont tendance à vouloir se faire trop discrètes. Je les pousse gentiment à sortir de leur coquille, car chacun est intéressant et a quelque chose à apporter. Dans une assemblée, quelqu’un qui sera entièrement vêtu de noir n’attirera pas.»

Avant de s’orienter vers le conseil en image, Madame Couleurs était assistante de direction. Pendant vingt-sept ans, elle a pu constater à quel point des gens qui avaient pourtant un poste élevé dans la hiérarchie pouvaient ne pas donner une bonne ou une belle image. «L’image intervient pour 55% dans la communication. Quand vous voyez pour la première fois quelqu’un que vous ne connaissez pas, inconsciemment vous allez déjà vous faire une idée de la personne. Est-ce qu’elle a l’air sympathique, crédible, professionnelle? Dans tous les métiers, il faut avoir l’air crédible, être bien habillé, propre sur soi. Si on est bien habillé, on donne l’impression d’être quelqu’un d’organisé.»

Florence propose un coaching individuel qui intéresse principalement les femmes. Même si les hommes en auraient bien besoin également: «Neuf hommes sur dixbne sont pas habillés à leur taille. Cela va du pantalon trop long ou trop large aux vestons trop petits ou, au contraire, bien trop grands et qui s’affaissent au niveau des épaules.» Pour conseiller ces messieurs, Florence poste chaque jour un commentaire inspirant et une photo sur LinkedIn. Et souvent, elle fait mouche. «Un jour, un homme m’a dit qu’il s’était changé avant de partir au travail grâce à mes conseils», raconte-t-elle avec malice.

Lors des séances de coaching, qui durent une heure environ, la spé- cialiste propose différents modules selon le besoin et l’envie des clients. Outre la colorimétrie, elle s’attarde aussi sur la morphologie du visage, le maquillage, l’étude de style à l’aide d’un questionnaire ou encore la morphologie de la silhouette. «Il faut savoir qu’on peut avoir une morphologie idéale en faisant une taille 48. Il ne faut pas obligatoirement faire du 36, ce qui compte c’est d’être bien propor- tionné, la morphologie idéale étant un 8.» Et d’ajouter: «Tout est illu- sion d’optique dans le conseil envimage. On ne va pas chercher à cacher ce qui ne va pas, mais, au contraire, on va mettre en avant les atouts de façon à ce que le regard se porte sur eux. Et, comme je le dis toujours, la meilleure arme, c’est le sourire.»

Pas de relooking

Florence insiste toutefois: elle ne fait pas de relooking. «Dans mon métier, je ne décide de rien, j’écoute les besoins et les envies. Le principal, c’est que la personne se sente à l’aise. Si une cliente veut porter une couleur qui ne la met pas forcément en valeur, elle va pouvoir le faire du moment qu’elle porte les bonnes couleurs près de son visage. Je laisse le temps aux gens de s’habituer à leur nouvelle coupe, aux nouvelles cou- leurs, à leur nouveau style. Les séances de coaching s’étendent sur plu- sieurs semaines.» Soit tout le contraire du relooking où «vous n’avez pas de miroir, pas votre mot à dire et, à la fin de la journée, vous êtes transformé. Vous vous dites: “Ce n’est pas moi”. Dans ce cas-là, c’est du diktat, tandis que moi, je conseille.» Et son métier est bien loin de se cantonner aux vêtements. Il passe aussi par la posture, l’attitude en général et les bonnes manières. «On ne s’imagine pas l’importance de la communication non verbale. Etre fier de soi, adopter une bonne posture, ne pas se recroqueviller, regarder les gens en face en leur parlant, tout cela ça s’apprend.» La manière de donner la main également. La conseillère en image a d’ailleurs donné une formation aux étudiants de l’université pour qu’ils puissent mettre toutes les chances de leur côté lors des entretiens d’embauche. Et elle propose également des formations en entreprise sur la couleur, le «non-verbal» ou encore les bonnes manières. «Lorsqu’on se rend à un dîner d’affaires, il est essentiel de savoir utiliser les couverts et les verres à bon escient. De même, peu de gens le savent, mais on ne dit jamais “bon appétit”, car cela fait appel à des bruits, à tout ce qui concerne la digestion. Si on vous le souhaite, répondez simplement par “vous aussi” ou encore “bonne dégustation”.»

Le métier de conseillère en image comporte donc une multitude de casquettes. «J’ai même été contactée par un opticien pour une formation sur la morphologie du visage et les lunettes. En effet, la forme du visage doit être prise en compte pour le choix des lunettes. De même que la couleur des yeux et des cheveux.»

Et il y a surtout une grande part de psychologie. «Les personnes qui viennent me voir ne sont pas nécessairement celles qui se sentent bien dans leur peau. En général, leur estime de soi a pris un sacré coup. Bon nombre d’entre elles me contactent à la suite d’un divorce ou d’un licen- ciement ou lorsque les enfants sont grands et qu’ils quittent la maison.»

Le travail de Florence consiste alors à rebooster ceux qui viennent la voir. Elle les incite à bouger, à sortir. Et elle les écoute, surtout. «Pour faire ce métier, il faut avoir de la compassion et être bienveillant. Certaines personnes ont besoin de se confier, de parler avec quelqu’un qui ne les juge pas. Beaucoup d’émotions ressurgissent, car il y a de la souffrance.» Et à ceux qui pensent que le conseil en image est superficiel, elle répond que sa plus grande récompense c’est lorsqu’elle réussit à faire en sorte qu’une personne se sente mieux. A ce moment-là, elle a gagné. «Je me considère comme quelqu’un qui pousse la personne dans le wagon, pour qu’elle parte avec le train.»

EMMANUELLE RAVETS